L’une des politiques françaises les plus contestées du moment est celle sur « l’immigration et intégration » adoptée par le parlement français en mai 2006 sous l’instigation du ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire d’alors, Nicolas Sarkozy. Rien que ce matin j’ai écouté, sur RFI, des débats bien nourris sur le sujet.
La tendance générale dans le milieu africain et celui de la société civile française est de condamner cette politique d’ « immigration choisie » qui vise à faciliter l’octroi de titres de séjour
aux Africains les plus talentueux tels que les artistes , intellectuels, sportifs de haut niveau, hommes d’affaires (lire article) tout en durcissant les conditions d’octroi de ces précieux documents à ceux qui n’ont pas le potentiel de créer de la valeur ajoutée en France.
Je parle d’Africains et non pas d’étrangers en général, car il faut bien croire que la loi sur l’immigration et intégration s’adresse principalement aux Africains et non aux Indiens, Chinois ou Européens de l’Est… qui rencontrent moins de difficultés d’intégration en France. La preuve est que la France demande maintenant aux pays africains d’adhérer à son accord sur « l’immigration concertée » pour faciliter la reconduite de leurs citoyens chez eux. La déduction est facile : la France ne souhaite plus accueillir n’importe quel Africain qui fuit la misère de son pays, seulement l’élite s’il vous plait !
Comme d’habitude les dirigeants africains sont pris de court par cette décision française. Ils croient que ce n’est pas juste et n’ayant pas encore fini de faire le deuil de l’esclavage et du travail forcé, ils accusent la France de vouloir encore vider l’Afrique de ses cerveaux. C’est vrai qu’il ya une part de vérité dans ce qu’ils défendent mais il ne faut pas se voiler la face. Nicolas Sarkozy propose tout simplement aux dirigeants africains un deal. Et comme aimait à le répéter un de mes professeurs et je cite : « En affaires, il n’ya pas de contrat gagnant-gagnant ; je gagne et tu perds ». La France gagne toujours dans ses contrats avec l’Afrique.
Cependant, je voudrais reconnaitre à la France le mérite de savoir que certains Africains ont du talent qu’il faut récompenser. L’Afrique elle-même semble ne pas en prendre conscience. En Afrique, le plus souvent, les professeurs émérites sont qualifiés de fous, les chercheurs ne sont pas écoutés, les techniciens sont sous-employés, les artistes et sportifs exceptionnels sont traités comme des petits valets par des managers véreux et le clientélisme est la règle en affaires. Bref, il n’ya pas de place pour le mérite dans l’environnement économique et social africain actuel.
Le problème de la fuite des cerveaux indique, à mon sens, un état de mal gouvernance dans le pays source. Un Etat qui connait un problème sévère de fuite de cerveaux est inefficace dans la gestion de ses ressources humaines. Rarement la pauvreté en est la principale cause car la pauvreté ne justifie pas à elle seule le manque d’opportunités dans un pays. Le cas de l’Inde est illustratif. L’Inde a connu pendant longtemps une émigration de ses savants vers la Grande Bretagne et les Etats Unis mais la tendance a été renversée dès que le pays a amorcé des reformes structurelles importantes qui ont posé les jalons de sa croissance actuelle.
Tant que l’Afrique ne réussira pas à instaurer un environnement social et économique compétitif et stable, beaucoup de ses fils iront valoriser leurs talents en France ou ailleurs. Les dirigeants africains ont beaucoup de défis à relever par eux-mêmes.
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2 hours ago
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